Whipping Boy


When we were young




“Nous avons probablement commencé en voulant imiter MY BLOODY VALENTINE” déclare le guitariste de WHIPPING BOY, Paul Page (quel nom difficile à porter !). Dans la morne ambiance musicale de la fin d’année 95, les quatres Dublinois représentèrent indéniablement un intermède de choix en attendant les prolifiques mois du début d’année. En 1992, sort leur tout premier album, Submarine, qui n’a bénéficié que de légères retombées dans le circuit indépendant. Mais la faillite prématurée de leur label Liquid (le label de leurs compatriotes TOASTED HERETIC ?) ne leur permet pas d’enchainer aussi facilement leur deuxième opus qui ne sortira donc que fin 95, cette fois chez Columbia. Heartworm a été précédé par deux singles élus “singles of the week” dans le Melody Maker, le brûlant Twinkle et l’émouvant We don’t need nobody else, tous deux voguant entre une noisy-pop à la JESUS AND MARY CHAIN et une cold-pop rappelant parfois JOY DIVISION.




En fait, plus que des groupes anglais ou irlandais, la musique de WHIPPING BOY, par ses touches subtiles d’instruments acoustiques, son atmosphère sombre et tendue, son chant habité, rappelle surtout des combos australiens comme THE CHURCH, DIED PRETTY, BIG HEAVY STUFF, voire NICK CAVE. La voix désabusée et inquiétante du chanteur ajoute la touche finale à un album où cohabitent de nombreux sentiments, sans pour autant tomber dans une gravité souvent effleurée. Comme le déclarent les WHIPPING BOY : “être irlandais n’a aucune influence sur notre musique. Malheureusement, pour un grand nombre de groupes, la passion est associée à des déclarations cocardières qu’on ne trouve pas dans notre musique. Nos chansons ont toujours été beaucoup plus personnelles, elles parlent des choses qui se passent pendant notre vie quotidienne. Ca, c’est notre vue du monde.”




En tous cas, les WHIPPING BOY possèdent indéniablement un son très personnel pour un premier “véritable” album, bien épaulé par le fameux Steve Livesey, producteur de Heartworm. Tous ces ingrédients font de “Heartworm” un album intéressant sur la distance, très loin des frasques de la britpop, mais peut-être parfois un peu trop proche d’une sensibilité exacerbée confinant à l’exagération.

Fabien Cavanna