Black Grape


Rock’n roll
Attitude




3 novembre, Transbordeur de Lyon, 23 h. Après la crème riche mais légère de Mc Almont-sans-Butler et la vinaigrette bien dosée de Salad, tout le monde attend impatiemment le vin cuit de Black Grape. Mais Shaun Ryder et Bez arrivant à l’heure, ce serait vraiment la mort du rock... 23h15, le gang monte enfin sur scène, suivi d’un pack de Heineken. Le concert peut commencer. Tandis que quatre musiciens pas franchement glamour s’affairent dans le fond, Kermit, les dreadlocks en bataille, l’air possédé, et Shaun, bonnet à l’effigie du terroriste Carlos (mais que fait Vigipirate ?) enfoncé jusqu’aux poches qui furent un jour des yeux, crachent ce qui leur reste de poumons. De temps en temps, le clavier les rejoint pour une partie de sax comme les aime tant Christophe Conte, alors que devant, l’ineffable Bez, torse nu avec un bas de survêt’ Lacoste bleu marine - très “jogging sur la plage de Deauville” -, arpente la scène en agitant ses bras réchappés de la gangrène, un sourire benêt aux lèvres.




Entre les morceaux, l’ex-leader des Happy Mondays nous livre quelques propos inintelligibles tandis que Kermit ouvre des canettes avec les dents (Black Grape : le premier groupe vendu avec décapsuleur ?) avant d’asperger de bière le public. C’est simple : on dirait une répète de l’orchestre de l’amicale des anciens dealers de Manchester accompagnés d’un débile profond. Ils semblent d’ailleurs avoir encore des dettes car ils n’arrêtent pas de se battre entre eux. Cool. Finalement, Black Grape nous rappelle que le rock peut encore être une musique totalement insane jouée par de complets abrutis. Et rien que pour ça, on a envie de leur dire un grand merci. Et peut-être même bravo.


Vincent A.