Mathieu Boogaerts
L'art d'onduler


M athieu Boogaerts, 26 ans, a déboulé sans prévenir dans le paysage musical français. Son album Super, porté par l'hymne caoutchouteux Ondulé, a obtenu un succès aussi inattendu que mérité. C'est lors d'un des concerts de sa sympathique tournée que nous avons rencontré ce jeune homme à l'allure lunaire mais aux idées très claires, qui chante comme on va à la pêche. Une voix à part.


Depuis quand fais-tu de la musique ?
Le premier contact, c'était à 10 ans. Mon père a offert à ma mère un orgue Farfisa pour son anniversaire. Elle ne s'en est presque pas servi, mais moi, j'ai commencé à pianoter. Ce qui m'a amené à jouer dans un groupe au collège et à toucher un peu à tous les instruments, par curiosité : basse, batterie... Vers 16-17 ans, j'ai acheté un 4 pistes qui m'a permis de bricoler des morceaux chez moi. A 20 ans, j'ai commencé à travailler plus sérieusement des chansons en étant sûr que ça allait marcher. En fait, la musique a toujours été très présente à la maison ; si ma mère ne s'y intéressait pas beaucoup, mon père écoutait beaucoup de reggae ou de rock : Bob Marley, les Who... Il est sans doute difficile de discerner des influences précises dans ma musique, car elles sont plutôt inconscientes : c'est ce que j'entends dans un café, dans un magasin, en voiture... En fait, j'écoute très peu de musique chez moi. Mais ça ne me gêne pas qu'on me compare à d'autres chanteurs français, d'ailleurs assez différents les uns des autres.

Penses-tu quand même t'inscrire dans une tradition de la chanson française ?
En fait, ma culture dans ce domaine est quasiment nulle. Le seul artiste dont je me sente vraiment proche, c'est Dick Annegarn. J'ai réalisé il y a peu qu'il représentait pour moi la même chose que Chantal Goya pour la plupart des Français : c'est ce que mes parents me chantaient quand j'étais petit, des espèces de comptines enfantines. En le réentendant par hasard il y a quelques années, j'ai découvert à quel point il avait pu m'influencer. D'un autre côté, que certains aient de moi uniquement l'image d'un chanteur rigolo m'embête un peu. Enfin, je n'ai fait qu'un album, je pense que les gens me percevront d'une manière plus juste par la suite.

L'aspect visuel (clip, pochettes...) te semble-t-il important ?
Tout à fait, même s'il est secondaire par rapport à la musique. Depuis toujours, je suis très intéressé par la communication, la manière d'exposer les idées. A 18 ans, je voulais faire de la pub ! Là, c'est d'ailleurs un peu ce que je fais, en "emballant" ma musique. Je suis présent à tous les stades, ce qui me satisfait totalement.

Les concerts, c'est quelque chose d'assez récent pour toi ?
Effectivement. Pendant de longues années, je n'en ai pas fait, à la fois par manque de courage, de moyens et d'énergie. C'était frustrant, mais il m'a fallu attendre d'avoir le soutien d'une maison de disques. J'ai alors cherché des musiciens qui puissent apporter une ambiance festive aux concerts, faire que les gens s'amusent. On ne pouvait se contenter de jouer l'album tel quel. Il y a donc avec moi un clavier, un bassiste et un batteur, habitués aux rythmes de l'Afrique et des Caraïbes. Sincèrement, je suis très satisfait du résultat : ça bouge, les gens dansent, c'est la fête !

Interview réalisée par Jean-Michel Lebreux et Vincent A.