60 ft dolls
These animal men





Une réputation faite d’alcool, de vie dissolue et de gros dégâts dans leurs hôtels de passage précède chaque venue des 60FT DOLLS. Nous nous attendions donc au pire (et nous n’avons pas été déçus) en rencontrant ceux que l’on surnomme "the hard men of rock", après ce qui fut le plus remuant concert de la dernière Route du Rock. Concert terminé comme prévu à grands fracas de guitares. Les trois jeunes gens (Richard - chant, guitare ; Mike - chant, basse ; Carl - batterie) nous accueillent déjà passablement éméchés, s’offusquant du mépris des BOO RADLEYS envers SHED SEVEN.



Mais que pensent-ils eux-mêmes des SHEDS ?
Richard : Merdique !
Carl : Branleurs !
Mike : (très ironique) Non, ils sont bien, ils sont très bons. (plus sérieux) Ce sont de gentils garçons.
R : Bonnes coiffures, jolis pantalons.
M : Oui, Alan est vraiment sexy.
R : On plaisante, on les aime bien, ils sont sympas. Je pense que les BOO RADLEYS aussi plaisantaient.

Que faisiez-vous avant de jouer dans les 60FT DOLLS ?
M : Nous nous aimions tendrement toute la journée.
R : Moi, j’étais routier et je jouais de la guitare.
C : J’étais instituteur, je battais les enfants toute la journée.
M : Je ne faisais absolument rien. J’ai quitté l’école à 15 ans et je passais mon temps à boire.

Parlez-nous de votre rencontre...
M : Dans un pub. Carl rampait sous une table et ça m’a plu.
R : On vient tous de Newport. Une ville pourrie, vraiment un trou. Pour en sortir, il faut monter un groupe ou être un bon sportif, un bon joueur de football. Et on n’est pas très sportif.

Que pensez-vous de la scène de Newport, de groupes comme Disco ou Vader ?
M : Vader ! (visiblement très surpris d’entendre parler d’eux ici). Ils ont splitté, Vader a disparu. Mais il y a beaucoup de très bons groupes à Newport.
R : Newport est une ville industrielle, avec peu d’espace. Les groupes y sont très rock, bruyants. Je crois que cela vient de l’environnement.

Et le TJ’S ?
C : Quand nous sommes à la maison, on y va tous les weekends boire un coup.
M : C’est le meilleur club de Grande-Bretagne pour la musique live. Du monde même.
R : C’est un tout petit club qui peut contenir 200 personnes à peu près. L’année dernière, j’y ai vu OASIS, ELASTICA, THE LEMONHEADS, DINOSAUR JR. On y jouait souvent nous aussi, chaque semaine, à nos débuts. L’entrée n’y est vraiment pas chère en plus, quelque chose comme vingt francs.

Pourquoi êtes-vous partis de Rough Trade ?
M : Rough Trade a fait faillite.
R : On avait signé à cause de Geoff Travis, le patron du label, qui est vraiment quelqu’un de très bien. Mais au niveau business, ce label était vraiment une catastrophe. On est donc parti sur Indolent.

N’y a-t-il pas quelques anecdotes à propos de cette signature ?
C : Ca s’est passé à Glasgow, en Ecosse. On était tous très saouls et nos signatures sur les contrats se sont limitées à des croix. Des croix sur des contrats plein de gerbe en fait.

Rien d’autre ?
C : Il est vrai que j’ai aussi pissé sur la tête de Steve Lawes, un des directeurs d’Indolent, dans les toilettes des locaux. C’est un trou du cul, ce type.
R : Nous disons d’ailleurs à tous les jeunes groupes français qui nous liront de pisser sur leur maison de disques.
M : Avant qu’elle ne vous pisse dessus elle-même, car elle va le faire.

Comment s’est passé la tournée avec SLEEPER et THE WANNADIES, deux autres groupes signés sur Indolent ?
M : THE WANNADIES sont bons, on les aime bien. SLEEPER...
R : Nous n’aimons pas SLEEPER. Vraiment pas.
C : Je ne baiserais pas Louise même si elle avait dix paires de seins. D’ailleurs, je lui ai dit. Pendant la tournée, elle n’a pas arrêté de me harceler, elle frappait constamment à ma porte d’hôtel, criant qu’elle voulait arracher tous mes vêtements. C’est un cas typique de harcèlement sexuel. Mais j’ai tenu bon. Elle est vraiment folle.

Vous devez commencer à avoir une belle collection de guitares cassées...
M : A Newport, dans notre salle de répétition, elles sont toutes accrochées au mur. Je pense qu’il y en a pour plus de 40 000 francs. Il y a des Fender et des Gibson cassées, complètement éclatées. A la fin des bons concerts, on devient fou et on casse tout.

Vos influences ?
M : SIMPLY RED uniquement. Ils sont fantastiques, je les adore.
C : Michael Bolton, aussi.
R : Tina Turner, Bryan Adams.
M : Et "Les Garçons de la Plage "(en français dans le texte).

Plus sérieusement...
M : MC5, Iggy Pop, STOOGES, ROLLING STONES, BEATLES, SMALL FACES, THE WHO.
C : AC/DC, Nick Drake.
R : STONE ROSES, Bob Dylan.
M : FELT, COCTEAU TWINS, Marvin Gaye.

Alors, êtes-vous vraiment the "hard men of rock "?
C : Franchement non. Regarde nous, on est mou et faible.

D’où cela vient-il à votre avis ?
C : C’est parce qu’on boit beaucoup.
M : On ne se bat jamais.
R : Nous ne sommes jamais violents, en aucun cas. On fume et on boit, c’est tout. On joue du rock, on aime les filles nues et voilà tout.
M : L’alcool est souvent associé aux bagarres, mais on n’a rien à voir avec ça. On aime s’amuser ensemble, rire le plus souvent possible. On ne pense même pas à la compétition entre groupes. Tout ce qui compte, c’est la musique. Nous sommes de bien tristes et ennuyeuses personnes en fait.
R : Nous sommes trois misérables bâtards.
M : Nos petites amies nous détestent. Elles nous trompent tout le temps avec des types beaucoup trop costauds pour nous. Nous sommes vraiment mauvais.



Interview réalisée par : Frédéric Pépin